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voisines, pour manquer ainsi aux convenances ! Allez-vous-en, et ne vous le faites pas répéter. » — Penauds et confus, nous nous levions pour partir quand l’interprète se ravisant et montrant sa pipe : « Au moins, leur dit-il, vous nous donnerez bien du feu. — Allez toujours, on vous le portera. » Nous nous en allâmes lentement, et nous fûmes bientôt rejoints par un petit garçon qui nous apportait du feu. Je le remerciai en lui donnant un petit couteau de huit sous, et, deux ou trois pas plus loin, nous nous laissâmes encore tomber. Quelques instants après, l’enfant revenait en nous apportant quatre oranges. Je lui remis alors un paquet d’aiguilles à coudre, puis il partit. Mais nous ne fûmes pas longtemps seuls. Il revint une troisième fois, conduisant un vieillard et deux ou trois hommes qui, après quelques mots de politesse, nous invitèrent à venir nous reposer chez eux. Nous acceptâmes avec empressement, et une heure ne s’était pas écoulée, que nous étions les meilleurs amis du monde. Les femmes vaquaient librement devant nous à leurs occupations : l’une apprêtait le repas, l’autre couvrait la table. Pendant ce temps, tous les hommes du village s’étaient réunis à ceux de la maison, et nous causions. Nous causions, ainsi qu’ils le disent, de l’Orient et de l’Occident, de tout ce qui, entre ces deux points du monde, intéresse l’homme et constitue son domaine qu’il connaît si peu. Nous partions de l’Europe, nous parlions de nos parents, car c’est toujours par là que commence l’entretien. Enfin.