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sont ni meilleures ni pires chez les uns que chez les autres. »

Cette conclusion me parut discutable, mais je n’en dis rien, voulant terminer là une digression qui ne nous avait déjà entraînés que trop loin ; me servant d’une formule qui plaisait à mon ami, je lui dis tout à coup : « Si nous... revenions à nos moutons, Ouang-Sien-Sen ? — Revenons-y, Si-Lao-Yé. Mais, au point où nous l’avons laissée, notre histoire, qui est devenue la mienne, peut être terminée en peu de mots. Deux fois repoussé aux concours publics, je réussis cependant, grâce à mon oncle, à obtenir un petit emploi dans les bureaux d’une préfecture. J’espérais ainsi pouvoir continuer mes études sans rien coûter à mes parents et me représenter une troisième fois avec plus de bonheur.

» Le temps s’écoula, et, à trente ans, je n’avais pas encore pu donner suite à ce projet. J’étais marié, j’avais quatre enfants, il fallait vivre. Dans les très courts loisirs que me laissait mon emploi, je faisais des copies, je n’avais plus le temps d’étudier. J’étais d’ailleurs fort découragé ; même en supposant le succès, il eût été trop tard pour me faire une belle carrière dans les administrations publiques. Me traîner comme bien d’autres dans une position infime et besogneuse, à la suite de mon oncle dans tous les postes où il était envoyé, me répugnait profondément, si bien que je me demandais si je ne ferais pas bien mieux de retourner aux champs. Je n’avais guère plus de quarante ans, et mon fils, Po-Y,