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au yamen du Taotaï de N..., et je lui avais écrit aussitôt après votre première entrevue avec mon fils. N’auriez-vous pas fait la même chose à ma place ? Quant à nos fiancés, ils ne sont pas aussi complètement étrangers l’un à l’autre que vous le pensez ; l’intermédiaire obligé[1] et les commères ne manquent pas de les renseigner. Mais en réalité tout dépend de l’éducation. Le mariage étant chose sérieuse, nous tâchons de réduire au moindre rôle possible l’enthousiasme et l’imagination de la jeunesse, afin d’en éviter les surprises. Notre plus grand soin est de prédisposer les enfants à tenir compte avant tout des qualités du caractère. C’est de là que nous nous efforçons de faire naître leur sympathie. Une fois ce résultat obtenu, quoi de plus simple qu’ils s’en rapportent à nous pour le choix du compagnon de leur vie ? Ne connaissons-nous pas, bien mieux qu’eux-mêmes, leurs défauts et leurs faiblesses, les côtés par lesquels ils ont chance de se plaire ou de se déplaire ? Si, pendant les négociations qui sont longues, nous nous apercevons que nous nous sommes trompés, les croyances populaires, tel oiseau qui passe ou telle combinaison de certains caractères d’écriture nous donnent le moyen de les rompre. S’il était permis aux jeunes gens de se voir, que deviendraient tous nos soins ? Que deviendrait notre principe de non--

  1. Aucun mariage ne se fait, même entre des familles se connaissent parfaitement, sans un intermédiaire dont les agissements rappellent d’une façon étonnante le bazvolan de notre Bretagne.