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peut-être que la pivoine est regardée comme un présage de bonne fortune si elle fleurit bien et abondamment, de mauvaise fortune si les fleurs sont rares et s’ouvrent mal. Qu’y a-t-il de vrai en cela ? Rien du tout ; ce qui n’empêche pas que mes yeux et mon cœur sont pleins de joie et d’espérance pour toute la journée après avoir contemplé les larges fleurs roses et rouges de la nôtre et je n’y manque pas chaque matin. Elle est superbe en ce moment. L’avez-vous remarquée, Si-Lao-Yé ?... Ce qu’il y aurait de pis, c’est que, si elle fleurissait mal, on se laissât aller au découragement : mais j’ai soin qu’elle fleurisse bien. Et puis, il y a tant de présages bons à faire oublier celui-là ! L’important, après tout, est de ne se laisser dominer par aucun. N’êtes-vous point de cet avis, monsieur ? — Peut-être, Ouang-Ming-Tse ; mais nous avons assez philosophé comme cela. Si nous revenions à nos moutons. Au moment où j’ai interrompu votre récit, vos oncles et votre père habitaient chacun leur domicile respectif. — Oui, et nous avions payé toutes nos dettes. En trois ans, nous avions donné, soit à nos deux oncles, soit aux voisins, 2,000 taëls environ (16,000 francs) ; nous en avions dépensé pour la construction des quatre maisons à peu près 170 ; et cela, peu de temps après le mariage de la plus jeune de nos tantes à laquelle on avait fait un douaire et un trousseau d’au moins 200 taëls. Aussi mon père et ses frères se trouvaient-ils extrêmement gênés. Ce qui nous sauva, je vous l’ai dit, c’est que nous avions pu rester groupés. Sans cela, je ne