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tieuses très anciennes, plus anciennes que le bouddhisme, et auxquelles les bonzes s’associent pour mieux exploiter le peuple. Quand la pluie ou la sécheresse compromettent nos récoltes par exemple, comment pourrais-je m’empêcher de souhaiter que le temps change ? Et du souhait à la prière, il y a si peu de distance ! Alors je vais avec nos gens en procession dans les champs et je demande aux esprits qu’ils interviennent en notre faveur. Vous avez pu voir à la maison, au-dessus de la cheminée de la cuisine, une image coloriée. C’est celle d’un patron que l’on se transmet de père en fils dans la famille, et je suis sûr que les femmes ne manquent pas de lui adresser de temps en temps quelque prière. Je ne crois certainement pas à leur efficacité ; mais cette image est un souvenir qu’il me paraîtrait impie de faire enlever. A la naissance des enfants, on a l’habitude de leur mettre au cou une ancienne monnaie de cuivre que les bonnes femmes considèrent comme une amulette toute-puissante contre les maladies ; vous avez pu remarquer que mon dernier petit-fils la portait, et ni moi ni mon fils nous ne nous y sommes opposés. Lorsqu’on a construit le dernier bâtiment de notre maison, j’ai consenti à ce que l’on enfouît sous la porte du sel, des grains et un papier rouge sur lequel on avait écrit le nom d’une étoile. On dit que cela éloigne des travailleurs les mauvaises influences et assure le bonheur aux habitants. Eh bien, j’avoue que ces idées ne me déplaisent pas. Mais, tenez, Si-Lao-Yé, vous savez