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Pendant un certain temps, les ventes d’immeubles provenant de l’héritage paternel sont toujours résiliables[1]. Nos oncles seraient donc revenus à la maison ; on leur aurait rendu leurs champs ou l’équivalent au même prix qu’ils les avaient vendus, et ils se seraient acquittés peu à peu. — Me voilà satisfait au point de vue de la question des intérêts. Il en est une autre sur laquelle je voudrais vous demander quelques renseignements. Que devient votre culte domestique lorsque la séparation de la famille est accomplie ? Une fois chacun chez soi, ce lien moral est-il également dissous ? En un mot, quelles relations vos oncles conservaient-ils entre eux et avec la maison paternelle ?

— Rien de plus simple, Si-Lao-Yé. Généralement, quand le partage a lieu, c’est que tous les enfants sont en état de vivre par eux-mêmes. Ils sont mariés ; le plus souvent, ils ont déjà de grands enfants. Ils peuvent donc, sans sortir de chez eux, se conformer à la plupart des usages et des devoirs du culte des ancêtres. Ils en ont le droit. Cependant on ne commence guère à l’exercer qu’après le décès de l’un des fondateurs du nouveau foyer, père ou mère. Jusque-là, et même plus tard si l’on veut, c’est chez le plus âgé des frères que tout le monde s’assemble. Dans tous les cas, c’est chez lui que se célè-

  1. La famille a droit de préemption, ce qui est d’ailleurs tout à l’avantage du vendeur. Il est sans exemple, je crois, qu’un champ provenant de l’héritage paternel ait passé en des mains étrangères, sauf les terrains expropriés pour former les concessions européennes des ports ouverts au commerce étranger.