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auquel elle était destinée allait l’habiter. Cela demanda quelque temps, vous pensez bien. Enfin, chacun eut la sienne, et au bout de trois ans, grâce à la communauté qui durait toujours et aux économies qu’elle avait permis de réaliser, tous les champs acquis étaient payés. Le partage fut alors consommé. On continua cependant à faire en commun les principaux travaux des cultures et des récoltes ; on continua à se prêter aide et assistance en toute occasion ; mais on vécut chacun chez soi, et les produits des champs appartinrent à ceux auxquels ces champs avaient été attribués et qui les cultivaient à leur guise.

— Parfaitement, Ouang-Sien-Sen ; mais si vos voisins n’avaient pas été disposés à se défaire des champs que l’augmentation de votre famille vous rendait indispensables, que serait-il arrivé ? — Eh ! Si-Lao-Yé, tout près d’ici, nous avons des parents qui n’ont pas autant de terre que nous en avions alors et qui sont plus nombreux. Nous aurions fait comme eux. La terre, voyez-vous, est plus généreuse qu’on ne le saura jamais. — Soit, mais supposons que votre terre eût été trop petite ? — Eh bien, deux ou trois de mes oncles seraient allés dans une vallée moins peuplée demander à leurs sœurs et à leurs beaux-frères un petit champ dont ils seraient devenus tôt ou tard propriétaires. — Et si cela encore eût été impossible ? — Ils seraient allés plus loin, voilà tout. Je connais dans la province et ailleurs bien des endroits où le peuple est moitié moins