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les intérêts sont séparés des nôtres, mais qui demeure tout près de notre maison. Enfin, celui-ci a déjà six enfants. » — Je les félicitai tous les deux. En ce moment le domestique apporta le thé, qu’il servit sur les guéridons placés entre les chaises, avec des cigares et quelques liqueurs de France. Les liqueurs parurent de leur goût, mais ils déposèrent bientôt leurs cigares qu’ils trouvaient trop forts. Cependant la causerie avait changé de sujet. Nous parlions maintenant de la France, de ses mœurs, de son industrie, des chemins de fer, et Po-Y, qui jusque-là n’avait presque pas ouvert la bouche, ne tarissait pas de questions. Enfin, ils se levèrent et, après m’avoir fait promettre d’aller les voir le lendemain, ils prirent congé.

Le lendemain, j’étais chez eux. Les hommes, venus à ma rencontre, me conduisent solennellement au salon où toute la famille m’attend debout, rangée par ordre de taille. On me fait asseoir presque de force à la place d’honneur que je m’étais pourtant juré de ne pas accepter. Ouang-Ming-Tse est à ma droite et Po-Y me présente tout le monde. Voici sa mère: Ouan-Lay-Lay (Mme Ouang) ; et sa femme: Po-Ta-Niang (Mme Po). Elles viennent juste en face de moi et me font un grand salut en abaissant leurs mains jointes jusqu’à terre et les relevant à la hauteur du menton. Voici son fils aîné A-Pé, vigoureux gaillard de dix-huit ans, et sa fille aînée, Po-Kouei-Niu (Mlle Po-Y), modeste et charmante enfant de seize ans qui me font le