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C’est là qu’habite la famille Ouang-Ming-Tse. Voici comment j’en fis la connaissance. C’était à la fin du mois de mars ; on venait d’achever la première récolte du thé. Deux hommes,dans un champ, sarclaient au pied des arbustes et y mettaient un peu d’engrais. Je les regardais, assis sous un palmier, auprès des vêtements qu’ils avaient déposés sur le bord et d’une énorme théière de terre cuite entourée de paille tressée, à laquelle ils venaient boire de temps en temps. Le plus âgé, s’en étant approché à son tour, m’adressa la parole : « Votre petit frère n’ose pas vous offrir de ce pauvre breuvage. — Merci, frère aîné, j’avais soif tout à l’heure, mais je viens de manger une orange et j’en veux conserver le goût. — Oh ! vieux monsieur, le goût du thé ne gâte pas celui de l’orange. Je ne veux pas parler de celui-ci ; il n’est pas très bon. Mais j’aimerais à vous en faire goûter d’autre... A-Pé-A, A-Pé-A, va donc à la maison et rapporte-nous du thé de la nouvelle récolte... »

La maison n’était qu’à quelques pas. A-Pé-A fut vite revenu avec un plateau, des tasses, une bouilloire d’eau chaude, un petit réchaud, une boîte de thé et un tabouret sur lequel il posa le tout. Pendant que l’eau se reprenait à bouillir, mon interlocuteur ouvrit la boîte, y puisa quelques feuilles qu’il mit dans chacune des tasses. Il les remplit d’eau, et les ayant couvertes de leurs surcoupes, il me dit: « Il n’était pas encore bien sec, mais il n’en sera que meilleur. » Puis, s’inclinant vers