Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/248

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cependant elle existe. Elle est un être en une multitude de membres. Toutes les idées sont en elles, et il n’y en a pas en dehors d’elle ; mais elle ne les manifeste qu’au fur et à mesure de sa croissance. L’avènement de l’humanité, de l’Homme-Un (Y-gen), est désirable, et l’on doit y tendre de toutes ses forces, car c’est l’avènement d’une justice de plus en plus complète. En un mot, plus la population est dense, plus l’idée de justice est développée. » Telles sont les théories des Chinois et si elles sont exactes, il faut reconnaître qu’aucun peuple n’a de meilleures raisons pour se croire en possession de la justice et pour se passer par conséquent d’un ministre chargé de l’enseigner et de l’appliquer. Mais laissons l’atavisme et la doctrine chinoise. Le fait constant, c’est qu’il est impossible qu’un peuple chez lequel, sans gendarmes ni déploiement d’aucune force publique, le coupable va au-devant de la peine qui le frappe ; chez lequel le suicide, comme présomption du droit, est un recours que l’accusé n’hésite point à employer ; il est impossible, dis-je, que chez un tel peuple, l’idée de justice ne soit, en effet, élevé à Une singulière hauteur. Il y a une considération d’une autre sorte. Le droit chinois est très simple et ne connaît que des infractions aux principes essentiels à la conservation de l’unité humaine. « Tu honoreras ton père et ta mère, tu ne tueras pas, tu ne voleras pas, tu ne te parjureras pas, tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin, ni son champ. » C’est le droit naturel, et c’est ce qui explique peut-être pourquoi