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conduit à un deuxième crime. En Chine, cela n’est pas.

En réalité, les véritables tribunaux du pays, ce sont les tribunaux domestiques ; la vraie justice, la justice humaine dont les avis, les admonitions et jusqu’aux punitions retiennent dans l’humanité les égarés qu’un droit impitoyable pourrait en chasser irrévocablement ; la justice qui, même en frappant un coupable de ses plus grandes peines, laisse toujours la porte ouverte au repentir et à la réhabilitation, c’est la justice de la famille. C’est celle-là qu’il faut considérer.

On peut se demander quelle est la règle de ces tribunaux. Puisque le droit civil de la Chine est réduit au très petit nombre d’articles indispensables à formuler et à assurer les principes généraux de la société, puisque le code n’est qu’un code pénal criminel, où donc est la loi qui inspire les magistrats de la maison, où est le droit sur lequel ils s’appuient ? On peut également demander quelle est la sanction des jugements des tribunaux domestiques, quelle force contraint le condamné à se soumettre. Je ne vois aux deux questions qu’une seule réponse. La loi qui inspire le juge est la loi que tout homme possède naturellement en soi. La force qui courbe le coupable devant ses arrêts, c’est le sentiment de la justice que le coupable lui-même ne peut longtemps méconnaître. J’ai parlé, dans une autre occasion, du respect dont les conseils de famille sont l’objet, ainsi que leurs décisions. Mais on voit bien qu’il