Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si bien que, de guerre las et désespéré, le cultivateur va se couper la gorge devant la porte de l’un des chrétiens. Cela se passait dans un village de Mongolie, en dehors de la Grande Muraille. J’y arrivai le jour de l’arrestation des chrétiens.

Autre fait. Un homme chargé de sapèques rencontre sur un pont un autre homme qui les lui enlève : « Voleur, rends-moi mes sapèques ! » Le voleur court, « Voleur, si tu ne me rends mon argent, je me noie. » Le voleur rapporte les sapèques.

Quoi qu’il en soit des étrangetés et des sévérités de la loi chinoise, et des réflexions qu’elles feront naître, il ne faut pas oublier qu’après tout, et en dépit de ses rigueurs, le nombre des condamnations à mort, en temps ordinaire, est très restreint. Dans des provinces de vingt-cinq à trente millions d’habitants, on n’en compte que douze ou quatorze par an ; il en est d’autres aussi peuplées où il n’en a été prononcé aucune depuis plusieurs années. Ce qu’il faut surtout ne pas perdre de vue, c’est que les tribunaux officiels n’ont, en définitive, pas d’autres justiciables que des individus que leurs fautes ont déjà fait rejeter de leurs familles et qui ne sont dès lors que des récidivistes, et des récidivistes de la pire espèce : avant d’arriver à cet état d’exception, combien de fautes, de crimes même, leurs familles n’ont-elles pas dû leur pardonner ! Dans d’autres pays, un criminel, repoussé de la société dès une première condamnation, peut souvent être nécessairement