Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la fécondité du sol. Ils ne déportent pas la richesse de leur pays, comme nous le faisons, en jetant dans les fleuves les produits de nos égouts. Ils les recueillent avec soin, et regardent comme un acte de justice, dont la négligence serait immédiatement punie, de rendre à la terre ce qu’elle leur a prêté. Puis, ils se disent que l’augmentation de la population est encore le meilleur moyen d’augmenter la richesse publique et particulière. Est-ce qu’une route, un canal, un chemin de fer ne coûtent pas moins cher dans une contrée très peuplée que dans une contrée qui ne l’est pas ? Est-ce que les frais d’administration n’y sont pas moins élevés ? Est-ce que les débouchés n’y sont pas plus grands, plus faciles ?

Il est donc vrai que si les dépenses d’un pays sont en raison directe de son étendue, elles sont en raison inverse du nombre de ses habitants. En fait, veut-on savoir combien chaque Chinois paie d’impôts ? 3 francs par an. En France, nous en payons 90 ou 100. Oui, mais, dira-t-on, les travaux publics sont nuls, peut-être ? — Nuls ? Hélas ! il faut bien le dire, quoi qu’il en coûte à notre amour-propre d’Occidental, que sont nos routes, nos canaux et nos chemins de fer à côté des innombrables canaux de la Chine ? Que sont nos travaux publics, d’ailleurs assez récents, à côté de l’admirable et gigantesque système hydraulique qui, de l’ouest à la mer, sur un espace de 800 lieues, conduit les eaux et les met sous la main du cultivateur ?