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si grand nombre d’amateurs, que je ne crois pas qu’il y ait, proportions gardées, moins de musiciens qu’en Allemagne, ni moins de dessinateurs et de peintres qu’en France ou en Italie. Tous les domestiques savent jouer d’un instrument de musique quelconque, et presque tous les ouvriers sont capables de décorer une maison. Beaucoup de ponts sont aussi beaux que les plus beaux qu’on puisse citer en Europe, et les travaux de canalisation ne le cèdent en rien à ceux dont nous étions le plus fiers avant le percement du mont Cenis. J’ai dit ailleurs que les théâtres, même dans les villages les plus reculés, trouvent un public assez nombreux pour y jouer plusieurs fois par mois. Cependant, si j’avais à parler ici de la valeur de l’art chinois, de l’esthétique en général, je ne m’en ferais assurément pas le défenseur à tous les points de vue. Encore moins voudrais-je comparer les arts chinois aux arts européens, bien que les seconds aient depuis quelques années fait de remarquables emprunts aux premiers sous le rapport décoratif ; mais ce dont je suis absolument convaincu, c’est que la somme d’art répandue dans le peuple est, en Chine, beaucoup plus grande qu’en Europe. Et, en effet, si l’art est, de son essence, symbolique, comment un peuple dont tous les individus savent lire et écrire une écriture aussi symbolique que l’écriture chinoise, pourrait-il ne pas être artiste ?

Voulez-vous connaître quelques-unes des récréations