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soit six à sept fois celle de la France, nous trouvons une population de plus de 400 millions d’individus.

Or l’on sait que, sur une aire quatre ou cinq fois plus vaste, l’Europe compte à peine 337 millions d’habitants. — Mais il y a en Chine des provinces grandes comme la France et l’Allemagne, où l’on compte cinq six et sept habitants par hectare ; il y a des districts, grands comme la Belgique, où cette densité dépasse douze et même quinze habitants. Aucune contrée d’Europe, si ce n’est peut-être l’île de Jersey et la province de Valence en Espagne, ne peut, sous ce rapport, être comparée à la Chine. Cette densité paraît tellement extraordinaire qu’elle a été souvent contestée et qu’on a mis en doute l’exactitude des statistiques chinoises. Mais elle n’est pas douteuse pour ceux à qui il a été donné de parcourir le vaste territoire de l’empire chinois. Jusqu’aux frontières du Thibet, à 800 lieues de la mer, il m’arrivait fréquemment de traverser des cités qui comptaient de 500 à 1,500,000 habitants. Dans les provinces les plus reculées, je faisais souvent route avec de véritables foules qui se rendaient aux marchés et encombraient de 15 à 20,000 personnes des lieux où, la veille, on n’aurait pu voir que de rares aubergistes. D’un bout à l’autre de la Chine, pour ainsi dire, les villages, les hameaux, les maisonnettes, défilaient sur mon passage, si pressés et si rapides, que les seuls environs de nos grandes