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aux croyances individuelles, quant aux fantaisies particulières, aux caprices de l’imagination, s’en occuper serait les reconnaître et leur donner une importance qu’ils ne doivent pas avoir. On n’en supprime aucune, parce que l’on ne supprime pas d’autorité les tendances superstitieuses des individus, et que personne n’a le droit de les rechercher ; mais il semblerait injuste d’en faire l’objet d’un service public dont tout le monde aurait à supporter les charges. On les laisse entièrement libres, à la condition toutefois qu’elles ne sortent pas trop du domaine du rêve ou de l’illusion. C’est ainsi qu’à différentes reprises le gouvernement a cru devoir confisquer les propriétés des pagodes bouddhiques, pour les rendre au peuple, et qu’il s’oppose aux empiétements des religions étrangères sur le domaine civil. Voilà en quoi, tout considéré, consiste le rôle du gouvernement dans les choses religieuses[1]. On voit que si le ministère des cultes a pu être, dans l’origine, une institution officielle, il est depuis longtemps résorbé, pour ainsi dire, par la nation.

Une autre absorption du même genre, qui me semble

  1. Pour le lecteur curieux de savoir ce que peuvent coûter aux Chinois les libres et capricieuses superstitions qu’ils pratiquent: taouïstes, bouddhistes, mahométanes, chrétiennes, etc., j’ajouterai que, suivant les calculs d’un missionnaire protestant, calculs dont j’ignore les éléments, l’ensemble de ces sacrifices s’élèverait à une somme presque égale à celle des impôts, soit à 3 francs par habitant, tout compris. C’est beaucoup, mais c’est peu si on le compare aux dépenses totales du culte chrétien : baptêmes, enterrements, mariages, messes de purgatoire, sans compter le budget officiel des cultes.