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aucune nation. Si la liberté, le premier de ces besoins, est en raison de la part qu’un peuple sait prendre à sa propre direction, aucun autre, en effet, que le peuple chinois n’a réduit celle qu’il n’a pu garder à un aussi faible minimum. Au fur et à mesure que le gen devenait une réalité, au fur et à mesure que la densité de la population augmentait, l’impôt diminuait pour chaque habitant, au point de n’être plus aujourd’hui que de 3 francs. Au fur et à mesure que les circonscriptions territoriales se remplissaient d’hommes, l’action du gouvernement devenait de moins en moins sensible pour chacun d’eux, au point qu’elle se trouve suffisamment assurée par un seul fonctionnaire pour plus de 400,000 citoyens.

Le gen a donc eu deux immenses résultats. Par les droits et privilèges nécessairement attachés à l’institution familiale dont il est la base, il incite les citoyens à conserver toute leur indépendance. Par la nature des moyens dont le gouvernement peut disposer, non seulement il trace son rôle et son pouvoir de façon à prévenir toute usurpation de sa part, mais il les renferme dans des limites telles que le progrès des choses les réduit à presque rien.

Le gen, c’est-à-dire cette conception sociale, politique, économique et religieuse qui est, au fond, toute la civilisation chinoise, a une importance capitale au point de vue de l’intervention et de l’abstention du gouvernement dans l’État. C’est pourquoi, arrivée à