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avec l’humanité entière, mais avec chacun de ses membres et en chacun d’eux, pût être une réalité. C’est sur le champ patrimonial que repose le foyer de la famille. C’est la possession de la terre qui donne au citoyen sa valeur politique. C’est enfin, conséquence forcée, sur le droit et le devoir, aussi absolus l’un que l’autre et que l’idée dont ils procèdent ; c’est, dis-je, sur le droit et le devoir pour tout homme d’être uni à la terre, qu’ont été établis la collectivité du sol, le régime de la propriété usufruitière, le retour à l’État des terres non cultivées et le système de l’impôt superficiel, qui résume et consacre ces diverses dispositions. Le jus uti et abuti du droit romain serait donc, en Chine, un sacrilège et un crime de lèse-humanité. La terre libre, restée libre, est devenue le lien des hommes et l’instrument le plus efficace de leur multiplication et de leur solidarité. — Le gen, devenu corps, a été la pierre sur laquelle la civilisation s’est édifiée, et cette civilisation a donné des fruits ignorés ailleurs.

Une population d’une densité tellement inconnue dans les autres sociétés que l’on dirait que les morts, ressuscités, grossissent les rangs de la postérité, s’est produite au jour, sans rencontrer d’obstacles qui l’aient arrêtée. Non seulement ses progrès ont été suivis par ceux de la production de la terre, mais il lui a été donné de pourvoir à ses besoins moraux les plus essentiels, dans une mesure dont n’approche