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la façon de M. Delamarre, un tout petit article en ce sens dans le nouveau traité. N’est-ce pas ainsi, d'ailleurs, que jadis, à Rome, le christianisme fit ses premiers progrès ?

Le pouvoir, le pouvoir sous toutes ses formes, tel est le but des convoitises les plus ardentes des missionnaires. Et, en effet, ce n’est pas seulement la preuve du succès, c’en est le meilleur moyen. Que ne font-ils pas pour en posséder les apparences à défaut de la réalité ? En voici un, c’est M. Delamarre, et c’est lui-même qui me l’a conté, en voici un qui, n’étant pas reçu chez le vice-roi du Se-Tchuen avec tous les honneurs réservés aux mandarins du plus haut rang, entre en fureur, frappe les huissiers chargés de faire respecter la consigne, traverse violemment les cours et les appartements et se présente devant le vice-roi, la menace à la bouche. Il prétend, il est vrai, qu’il était délégué de la Légation de France, mais à quelle fin s’était-il fait donner ce titre de délégué ? En voici deux autres, M. Faurie, évêque du Kouei-tcheou, et l’évêque du Chensi, qui usurpent les insignes des fonctionnaires les plus élevés des villes qu’ils habitent, et parcourent les provinces entourés de cortèges où l’on voit confondus la croix, la bannière, la mitre et la crosse, les ornements catholiques, la robe rouge des enfants de chœur, avec les éventails, les parasols et tout l’appareil de l’autorité en Chine, provoquant les risées et les moqueries des uns, la colère des autres. En vérité, l’on peut dire que, pendant deux ou trois ans après la