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M. Desflèches, dans un village où ces événements et la répression sévère qui les avait suivis avaient porté au paroxysme la haine des Chinois contre les missionnaires.

En 1870, la Sainte-Enfance avait enfin, après plusieurs années d’insuccès, réussi à recueillir à Tien-Tsin un certain nombre d’enfants que les désastres causés par les inondations du fleuve Jaune avaient forcé les parents d’abandonner. Ceux-ci, ayant recouvré un peu d’aisance, étaient venus les réclamer ; mais comme ces enfants étaient baptisés, on refusa de les rendre, et pour plus de sûreté, on les fit disparaître en les envoyant dans une autre province. Telle est la cause du massacre dans lequel périrent non seulement les missionnaires, mais encore les Français présents à Tien-Tsin et le consul lui-même. « Si j’avais été là, me dit un jour » M. Delaplace, évêque de Ning-Pô, lazariste comme les prêtres chargés de l’orphelinat de Tien-Tsin, ce malheur ne serait point arrivé[1]. »

Un autre fait. Nous sommes en 1860. A l’appel des missionnaires, la France a envoyé son armée ; c’est pour eux qu’elle est venue ; ce sont eux qui triomphent. Ils le disent, et c’est plus vrai qu’on ne le pense, mais il

  1. Nous pouvons ajouter que M. Delaplace ne se vantait pas. Quelques années auparavant, en 1866, ayant eu. lui aussi, là velléité de ne point rendre a enfant baptisé à ses parents, il eut la bonne inspiration de nous demander notre avis et la prudence de s’y conformer.