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gouvernement chinois s’oblige à restituer aux missionnaires actuels les propriétés confisquées, il y a cent cinquante ans, aux jésuites après leur expulsion. Mais ces propriétés, qui ont passé par plusieurs mains, divisées souvent entre un grand nombre de personnes, couvertes d’habitations et quelquefois de temples devenus populaires, sont la plupart du temps d’une restitution si difficile, que le gouvernement chinois, fidèle à sa signature, bien que parfaitement au courant de la fraude de l’abbé Delamarre, est disposé à tous les sacrifices possibles pour les racheter. J’ai pu en voir une à Tchong-Kingfou, au Se-Tchuen, en échange de laquelle il avait offert un terrain d’une superficie double et tout l’argent nécessaire à la construction d’une église catholique. — Les missionnaires montrent-ils du moins, dans la revendication de leurs prétendus droits, le même esprit de conciliation que les Chinois ? Ce serait mal les connaître que de le supposer. C’est le terrain sur lequel le Vrai Dieu a été adoré qu’ils veulent et non un autre, car c’est là que son culte doit être restauré. C’est la réponse que fit l’évêque du Se-Tchuen, M. Desflèches, à la proposition dont je viens de parler. De là les troubles et les pillages dont les chrétiens de Tchong-King furent d’abord victimes en 1862, puis largement indemnisés plus tard par le gouvernement chinois. De là encore, les meurtres de deux missionnaires[1] imprudemment envoyés par l’opiniâtre

  1. M. Mabileau et un autre dont je ne me rappelle pas le nom. Inutile de dire que M. Desflèches obtint également par la Légation de France une large indemnité pour la mort de ces deux prêtres.