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aux générations futures, à l’avenir. Mais dans le cas dont il s’agit ici, il se trouve que l’avenir a déjà parlé et qu’il ne cesse de parler. Il ne faut qu’ouvrir les oreilles. Les espérances dont on se berce ne sont-elles pas, en effet, les mêmes que celles dont on se flattait à la veille de nos guerres avec la Cochinchine et avec la Chine en 1858 et en 1860 ? Il y a de cela bientôt un quart de siècle. Qu’en est-il résulté ? Ce n’est pas avec la France que se fait le commerce de la Cochinchine ; et, quant à la Chine, j’ai montré dans une précédente étude que les exportations de l’Europe étaient restées à peu près les mêmes qu’avant 1860, tandis que les exportations de la Chine avaient plus que doublé. Nous vendons par an pour soixante centimes environ de nos produits à chaque Chinois ; il n’y a aucune raison de supposer que nous en vendrons davantage aux Tonkinois. Ils sont, dit-on, 12 millions d’individus ; cela fera 6 à 7 millions de francs lorsque le pays, armé et outillé selon ses besoins, sera rentré dans ses conditions normales. Encore ne faut-il pas oublier que la France n’aura, pas plus qu’en Chine, le monopole de ce commerce. Elle n’y est pour presque rien, quelques millions à peine. Le chiffre des importations du Tonkin en Europe sera plus considérable. La Chine nous envoie pour 6 ou 700 millions de thé, de soie, etc. ; le Tonkin en enverra dans les mêmes proportions. Ce sera surtout de la soie. Mais remarquez que nos cultivateurs du Midi se plaignent beaucoup du voisinage du