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ses institutions et dans ses lois. Le régime de la propriété, le système de l’impôt, l’organisation, les libertés et les privilèges de la famille, le culte des ancêtres sont les mêmes. La langue des lettrés est la langue chinoise, le langage du peuple en est dérivé. Chinois et Tonkinois sont, en un mot, de la même famille, du même groupe politique. Cependant, le Tonkin n’est point resté une dépendance immédiate de la Chine, parce qu’il n’entre pas dans la politique de cette dernière puissance d’entretenir des possessions lointaines ; mais les incursions qu’ils faisaient sur son territoire une fois réprimées, la Chine a organisé et civilisé les Tonkinois, et elle les a rendus à eux-mêmes aussitôt qu’elle l’a pu. C’est à elle que le pays doit sa prospérité passée, son existence. Le danger pour nous est qu’elle y serait acclamée le jour où il lui plairait d’y rentrer.

En présence de pareils titres, il paraît singulièrement difficile de la séduire et de la réduire en lui offrant un lambeau d’un territoire qu’elle croit posséder. Il se peut que l’on arrive à surprendre l’acquiescement des ministres chinois ; mais, loin d’avoir conclu un traité de paix, on aura créé un état de guerre permanent qui nous obligera à maintenir au Tonkin une armée de 50,000 à 60,000 hommes. Des provinces chinoises limitrophes de l’espace, pour ainsi dire insaisissable, qui les sépare du Tonkin, des recrues inépuisables et incessantes, sorties de l’armée régulière ou non, viendront remplacer