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lettrés des villes où je m’arrêtais au cours de mes voyages ont été pour beaucoup plus que les ordres du ministère de Pékin dans l’accueil que j’ai toujours reçu.

Il paraît d’autant plus nécessaire d’insister sur ces considérations, que l’on prête à notre gouvernement, à l’occasion du traité qu’il compte obtenir de la Chine, des vues bien différentes de celles qui devraient le guider. Voici, en effet, le raisonnement qu’on lui attribue : « La Chine ne peut pas nous attaquer ; elle ne saurait nous faire la guerre, et nous pouvons la porter chez elle. On déclarera donc le blocus de ses ports. À ce moment, l’Angleterre, jusqu’ici bienveillante pour la Chine, exercera une pression à Pékin, afin d’éviter des dommages considérables pour son commerce. Notre plénipotentiaire, son traité à la main, fera ressortir l’avantage pour la Chine d’acquérir, sans coup férir, une bonne partie du nord du Tonkin, et, l’imprévu aidant, enlèvera la signature d’un traité qui, en définitive, fait la partie assez belle pour la Chine. »

Je laisse de côté la question de savoir si l’on a tort ou raison d’escompter ainsi les dispositions de l’Angleterre, et sans doute aussi des autres puissances intéressées dans le commerce de l’Extrême-Orient. J’admets même que l’intervention de l’Angleterre réussisse et que l’on obtienne le traité en question ; mais la nation chinoise le ratifiera-t-elle ? Après avoir conquis le Tonkin le posséderons-nous ? Depuis quinze ou seize cents ans il porte le cachet de la Chine dans ses mœurs, dans