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que ceux-ci, assurés quand même de leurs emplois, n’en viennent peu à peu à se désintéresser des événements qui peuvent affecter le sort des populations. Elle crée entre eux une solidarité effective qui a bien son importance. Enfin elle procure au peuple l’occasion de se débarrasser légalement des administrateurs qui, sans avoir pourtant commis rien de très grave, ne sont pas arrivés à mériter sa confiance. Qu’une sécheresse se produise, par exemple, qui croyez-vous que les Chinois en accusent ? Le Ciel, la Terre ? Non, eux-mêmes. Tout le monde rentre en soi. On jeûne. Chacun examine ses actes, les confesse publiquement. Les fonctionnaires impriment leurs confessions, les font afficher. Eux-mêmes signalent leurs fautes, leurs négligences, celles du peuple que leurs exemples ou leurs avis auraient dû mettre sur ses gardes. Ils promettent de mieux faire. Quelquefois leurs amendes honorables ne leur servent de rien. Les disgrâces arrivent et pleuvent comme grêle. Si elles ne viennent pas d’en haut, le peuple s’en charge. Pendant une de ces sécheresses, que je me rappelle bien, car, me trouvant en voyage, j’avais été obligé de jeûner comme tout le monde, j’ai vu destituer ou renvoyer trois ou quatre préfets ou sous-préfets. Huit jours de plus, le gouverneur aurait dû partir à son tour. La pluie tomba heureusement pour lui et pour le vice-roi, qui n’aurait pas échappé au même sort. Si les fléaux se prolongent ou sont trop fréquents, l’Empereur est remplacé, sa dynastie