Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/137

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maisons n’ont au plus, et très rarement, qu’un étage ; les machines à vapeur ne sont pas employées, et, pour les ouvriers des mines, ces mines ne sont jamais exploitées très profondément ; enfin, le Chinois travaille lentement ; il prend son temps et évite ainsi bien des maladresses qui pourraient le condamner au repos. Chaque corporation a un patron, comme chez nous, et la pagode où se trouve sa statue est le but de rendez-vous et de pèlerinages assez fréquents et qui mettent, ces jours-là, tout le monde en fête. C’est là que l’on conduit l’apprenti qui vient de passer compagnon, et le compagnon, maître. C’est là que leurs chefs-d’œuvre sont exposés, pendant un temps plus ou moins long, à l’admiration du public. J’oubliais de dire que l’apprentissage est généralement de trois ans. On voit qu’il y a beaucoup d’analogie, sinon parfaite identité, entre ces coutumes et celles des corporations de notre ancien régime. Il en est une, surtout, qui, dans ses manifestations extérieures, rappelle absolument nos pêcheurs et nos marins. Au Sé-Tchuen et dans le Tché-Kiang, c’est une patronne qu’ils ont choisie. Cette patronne est une jeune fille qui, il y a six ou sept siècles, rêva que son père et ses frères, occupés à la pêche en mer à quelque distance de là, allaient périr, assaillis par une tempête. Réveillée, par sa mère, qui l’entendait rêver et parler, la jeune fille lui raconte le songe dont elle est encore tout émue. Toutes deux appellent des voisins et les entraînent au secours des