Page:Eugene Simon - La Cité chinoise, 1891.djvu/129

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui jouisse d’une estime si extraordinaire, c’est la seule aussi qui produise ce que nous appelons des déclassés. Les examens, ou plutôt les concours, sont très difficiles ; il est peu de lettrés qui en sortent victorieusement, et le nombre des emplois que le gouvernement a à leur offrir est très limité, de sorte que s’ils n’ont pas de ressources suffisantes pour attendre des chances plus favorables ou pour continuer la culture des lettres, les candidats évincés sont obligés d’aviser à quelque moyen de vivre. Les uns se font instituteurs, écrivains, professeurs, etc. ; d’autres se livrent sans hésiter au commerce, à l’agriculture, et ils contribuent grandement ainsi à élever le niveau intellectuel du peuple ; mais beaucoup préfèrent compter sur l’occasion, guettant une disgrâce, une démission, intriguant enfin comme font tous les déclassés, et ils deviennent un véritable fléau. Cependant, il ne faudrait pas, d’après ce qui précède, croire que les fonctions publiques sont, comme en d’autres pays, le point de mire de tous ceux qui se livrent à l’étude des lettres ; cela n’est vrai que jusqu’à un certain point. On veut arriver aux fonctions publiques parce qu’elles sont la dernière et la plus haute consécration du talent, et que c’est un honneur qui rejaillit sur la famille ; mais un plus grand nombre de fonctionnaires qu’on ne pense donnent leur démission après deux ou trois ans de service et rentrent dans la vie privée. J’ai connu un préfet qui, à l’âge de trente-quatre ou trente-cinq ans, avait renoncé à la carrière administrative et s’était fait maître