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religion de Confucius. Le lecteur peut voir, à présent, s’il mérite l’éloge qu’en faisait le P. Amyot, et s’il ne sort pas, en effet, du domaine de la raison. Ce qui demeure certain dans tous les cas, c’est qu’il est, en Chine, si bien dans le domaine de la pratique, que ces doctrines ne sont, en définitive, que les lois et les mœurs au milieu desquelles existe, vit et se meut depuis plus de deux mille ans un peuple qui compte aujourd’hui plus de cinq cent millions d’habitants.

De quelle religion pourrait-on dire la même chose ? Et comment le pourrait-on ? Aux problèmes qui préoccupent l’homme, quelle est celle qui donne des solutions aussi nettes, aussi précises et cependant aussi conformes à ses intimes espérances ? Non, il n’est pas vrai que, « sur cette terre, les générations se suivent passagères, fortuites, isolées, qu’elles paraissent, souffrent, meurent, mais que nul lien n’existe entre elles ; qu’aucune voix ne se prolonge des races qui ne sont plus aux races vivantes, et que la voix des races vivantes doit s’abîmer bientôt dans le même silence éternel[1] ». Les générations sont solidaires dans l’espace et dans le temps, absolument, éternellement. Elles sont une et elles vivent, car, si elles mouraient, elles cesseraient d’être une et solidaires. La mort n’est qu’une transformation.

Ne rêvez pas d’une vie hors de la vie, car vous ne trouveriez que la Vie. Ne rêvez pas d’un ciel hors de

  1. Benjamin Constant: De la Religion.