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commerçants de l’Europe depuis trois cents ans, et toutes les guerres qu’elle a entreprises per fas et nefas pour les seconder. Ce n’était vraiment pas la peine de faire tant de fracas. Comment ! vous vous appelez l’Europe, c’est-à-dire une agglomération de nations qui se prétendent toutes plus civilisées les unes que les autres et dont la moindre se croit bien au-dessus des Chinois ; vous vous vantez d’avoir en main les agents les plus puissants du monde, la vapeur, l’électricité ; vous subventionnez à grands frais des entreprises de navires à vapeur, et quand cela ne suffit pas, vous envoyez des trentaines de mille hommes et des milliers de canons pour achever la démonstration de votre supériorité, — et tout cela pour arriver piteusement à obtenir de chaque Chinois qu’il vous achète pour 60 centimes de produits utiles, avouables ! N’est-ce pas humiliant ?

On a dit et l’on répète trop souvent qu’il fallait attribuer la pauvreté de ces résultats au peu de besoins et à la misère du peuple chinois. Cela n’est pas. Nulle part, au contraire, le peuple n’est plus riche ; et cela se comprend aisément, puisque nulle part il n’y a de peuple plus laborieux et moins chargé d’impôts. — C’est précisément dans le système de ces impôts, si modiques, si justes, si bien répartis, tandis que ceux de l’Europe sont si écrasants, qu’il en faut d’abord chercher la raison. Ni octrois, sauf des droits de douane très légers de province à province ; ni excise, ni patentes,