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Le renard et l’écureuil.

851.

In rnó avè prin in bya spirou ; i dalè l’kroké kan li spirou, sintan s’déré momin arivé, di :

Un renard avait pris un bel ecureuil ; il allait le croquer quand l’écureuil, sentant son dernier moment arrivé, dit :

— Dj’ê todi ètindu dîr ki dvan d’ mindji, ô fê l’ sign’ dèl kwè.

— J’ai toujours entendu dire que, devant de manger, on fait le signe de la crois.

Ossi rat’, li rnó tîr ès’ pat’ pou fé l’ sign’ dè l’ kwè è vwè li spirou ki fou l’ kan.

Auissi vite, le renard tire sa patte pour faire le signe de la crois et voit l’écureuil qui fiche le camp.

(Recueilli à Laroche, près Court St-Étienne, par M. Sinéchal.)

Le Diable et le paysan.

31.

Le diable aida un jour un paysan à défricher un terrain à la condition qu’il choisirait une partie de la récolte.

L’homme sema du blé. Le diable choisit ce qui viendrait au-dessous du sol et il n’eut que des chaumes.

L’année suivante, l’homme sema des carottes ; le diable, se croyant très fin, choisit ce qui viendrait au-dessus de la terre et il n’eut que des feuilles.

Furieus de ces deus mésaventures, il proposa alors au paysan de mesurer leurs forces.

— Faisons au plus gros fagot, dit-il.

L’homme monta sur un chêne et se mit à tordre une des plus hautes branches comme s’il allait se servir de l’arbre entier pour en faire le lien de son fagot.

Le diable, craignant d’être encore trompé, prit la fuite.

(Traduction résumée d’un conte recueilli à Louveigné.)