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coups avec sa barre de fer et ne le laissa aller qu’après avoir obtenu un répit de dis ans.

Ce laps de temps écoulé, toute une troupe de diables se présente chez lui pour emporter son âme. Comme on était en été et qu’il faisait très chaud, Misère les invite à monter sur son cerisier pour se désaltérer. S’en étant rendu maître de cette façon, il obtint un nouveau sursis de dis ans et les laissa partir.

Dis ans après, nouvelle invasion d’une troupe de diables chez le bonhomme Misère. Cette fois, il se met en route avec eus. Après avoir fait de compagnie un bout de chemin, Misère leur demanda s’ils n’étaient pas fatigués. Ils dirent que oui. — Entrez dans ma bourse, dit-il, je vous porterai pendant quelque temps. Les diables y entrèrent sans soupçon et Misère les tint de nouveau à sa merci. Il ne leur rendit la liberté que moyennant un nouveau sursis de dis ans.

Entretemps, le bonhomme mourut, ainsi que son chien. Tous deus arrivèrent à la porte du paradis. Saint Pierre vint leur ouvrir ; mais il ne les eut pas plutôt vus, que reconnaissant ce bonhomme qui l’avait froissé en refusant obstinément le paradis, il lui ferma la porte au nez.

Toujours avec son chien, Misère se présenta à la porte de l’enfer. Un diable vint leur ouvrir. C’était justement celui qui, assis dans le fauteuil, avait reçu une si dure volée de coups. Tout effrayé, il rentra précipitamment et ferma la porte au verrou.

Ainsi, nulle part, on n’avait voulu recevoir Misère et Pauvreté. Ils se sont décidés à rester sur terre, où ils errent sans trêve.

(Traduction résumée faite par M. Paul Marchot, aussitôt après le récit du conteur, M. Defrance, sabotier, âgé de 25 ans, à Lorcy, près St-Hubert, qui a appris ce conte à Nassogne dans une réunion de jeunes gens. La rédaction de ce texte ne paraît pas vraiment populaire. Elle peut venir d’une image d’Épinal.)