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tuer : Bouclier ! venez un peu tuer le bœuf ; le bœuf ne veut pas boire l’eau : l’eau ne veut pas éteindre le feu ; le feu ne veut pas brûler le bâton ; le bâton ne veut pas bâtonner le chien ; le chien ne veut pas aboyer le loup ; le loup ne veut pas étrangler Potais ; Potais est allé aus fraises et il ne veut pas revenir, s’il n’en a plein son pot.

— Attendez ! je vais aiguiser mon couteau.

Pendant qu’il était en allé aiguiser son couteau, le bœuf en était allé boire l’eau ; l’eau avait éteint le feu ; le feu avait brûlé le bâton ; le bâton avait bâtonné le chien ; le chien avait aboyé le loup et le loup était en allé pour étrangler Potais.

Mais Potais avait ramassé des fraises plein son pot et était revenu avant Frasais.

(Traduction littérale d’un conte dit à M. Ernest Mahaim par son grand père, feu M. Squelard, natif de Forges, près Chimay.)

La belle et la laide.

848.

I gn’avè on kó o-n fèm k’ avè deu koumèr, o-n bèl è o-n lêt’. Sa fé ku l’ bèl avè on bonami è l’ lêt ènn’avè pon.

« Il y avait un coup une femme qui avait deus commères, une belle et une laide. Ça fait que la belle avait un bon-ami et la laide n’en avait point.

È lu mèr s’è fâchéy ku l’ lêt’ n'avè pon d’ bonami è èl s’ a mètu on djoû o li, è èl di kom sa a s’ bèl koumèr, k’èl lî-y alîch kèr du l’êw dol fontin-n o twa liyon po l’ ruguèri.

Et la mère s’est fâchée que la laide n’avait point de bon-ami et elle s’a ms un jour au lit, et elle [a] dit comme ça à sa belle commère, qu’elle lui aille quérir de l’eau de la fontaine aus trois lions pour la reguérir.

Sa fê ku vla l’ bèl pôrtîy. A s’ tchumin fézan, èl raskontur o-n vîy fèy ki lî dmant’ :

Ça fait que voilè la belle partie. À son chemin faisant, elle rencontre une vieille fée qui lui demande :