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Potais et Frasais.

846. Potais et Frasais étaient deus frères. Ils allaient aus fraises.

Lorsqu’ils furent dans le bois, Frasais en ramassa plus que Potais. Quand son pot fut plein, il lui dit :

— Je m’en vais ; voulez-vous revenir, Potais ?

— Non, je ne retourne pas, si je n’en ai plein mon pot.

— Eh bien ! je vais dire au loup qu’il vienne vous étrangler : Loup ! venez un peu étrangler Potais ; Potais est allé aus fraises et il ne veut pas revenir, s’il n’en a plein son pot.

— Oh ! c’est bien mon trop grand camarade !

— Eh bien ! je vais dire au chien qu’il vienne vous aboyer : Chien, venez un peu aboyer le loup. Le loup ne veut pas étrangler Potais. Potais est allé aus fraises et il ne veut pas revenir, s’il n’en a plein son pot.

— Oh ! c’est bien mon trop grand camarade !

— Eh bien ! je vais dire au bâton qu’il vienne vous bâtonner : Bâton ! venez un peu bâtonner le chien ; le chien ne veut pas aboyer le loup ; le loup ne veut pas étrangler Potais ; Potais est allé aus fraises et ne veut pas revenir, s’il n’en a plein son pot.

— Oh ! c’est bien mon trop grand camarade !

— Eh bien ! je vais dire au feu qu’il vienne vous brûler : Feu ! venez un peu brûler le bâton. Le bâton ne veut pas bâtonner le chien ; le chien ne veut pas… etc.

— Oh ! c’est bien mon trop grand camarade !

— Eh bien ! je vais dire à l’eau qu’elle vienne vous éteindre : Eau ! venez un peu éteindre le feu ; le feu ne veut pas brûler le bâton ; le bâton ne veut pas… etc.

— Oh ! c’est bien mon trop grand camarade !

— Eh bien ! je vais dire au bœuf, qu’il vienne vous boire : Bœuf ! venez un peu boire l’eau ; l’eau ne veut pas éteindre le feu ; le feu ne veut pas… etc.

— Oh ! c’est bien mon trop grand camarade !

— Eh bien ! je vais dire au boucher qu’il vienne vous