Page:Eugène Monseur - Le folklore wallon, 1892.djvu/85

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 46 —

gler, les attrape avec ses cornes et les clache d’un mur à l’autre…

Quand j’ai eu vu cela, j’ai fait faire des souliers de papier et je suis revenu sur la queue du chien.

(Traduction littérale faite par M. Georges Willame, d’un conte qui lui a été dit par M. Joseph Rimé, de Nivelles, âgé de 56 ans, qui le tient de sa grand’mère.)

844.

La pierre qui flotte.

J’étais à Liège, sur le pont des Arches[1] et je vis flotter sur le fleuve une meule de moulin, sur laquelle il y avait quatre hommes. Le premier avait perdu les deus yeus ; le second, les deus bras ; le troizième, les deus jambes ; le quatrième, ses habits. Un oiseau passa au-dessus d’eus. L’aveugle le vit ; le cul-de-jatte courut après ; l’homme sans bras le saisit et l’homme nu le mit dans sa poche.

(Traduction d’une « suite de mensonges » recueillie par l’auteur à La Reid, près de Spa.)

845.

Les trois paresseus.

Trois grands paresseus étaient couchés sous un prunier. Les prunes étaient si appétissantes que le premier ne put s’empêcher de soupirer :

— Kèl-è bèl·è bilok !

« — Quelles belles bilok[2] ! »

Une heure après, le second les implora :

— Tom, bilok, è m’ bok.

« — Tombe, bilok, dans ma bouche ! »

Le soir venu, le troizième dit d’une vois mourante :

— Dji n’ sé kmin k’on pou tant djâzé.

« — Je ne comprens pas comment on peut tant parler. »

(Recueilli par M. O. Colson à Herstal.)

  1. Nom du plus ancien pont de Liége.
  2. Bilok, nom donné à Liége à une espèce de prune