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617. Pour posséder le pouvoir de guérir, il faut être né après la mort de son père et avoir été baptisé entre deus messes ; porter le nom de Louis et être le septième fils de la famille sont aussi deus prédispositions très grandes.

619. Les guérisseurs et les guérisseuses disent des prières au profit de leurs malades. Ainsi, un habitant de Vottem guérit tous les maus au moyen de neuvaines pendant lesquelles il prie agenouillé entre deus mannes de pommes de terre. (Cp. 1245).

618. Le sègneu, c’est de là que vient son nom, pratique d’ordinaire l’exorcisme par le signe de crois : en général, il crache sur la partie malade, fait un signe de crois en étendant la salive avec le doigt, fait un second signe de crois en forme de bénédiction et marmotte une prière ; cp. 510.

580. Beaucoup pratiquent le massage (r’ pougnèdj). Le massage se fait avec des prières trois jours de suite et une ou trois fois chacun de ces jours. Être né après la mort de son père est ici tout à fait indispensable. Dans certains villages, l’usage de masser les gens a disparu : mais on fait toujours masser les chevaus par des gens qui n’ont pas connu leur père, la personne se trouvant dans la condition traditionnelle fût-elle même une fillette.

615. Les remèdes de la médecine populaire ne sont efficaces que s’ils ont été confectionnés au moyen de matières données po l’amour di Dyu « pour l’amour de Dieu ». Si une matière doit absolument être achetée, il faut mendier l’argent nécessaire.

620. Quand on montre du doigt le mal d’une autre personne, il faut ajouter : Ki l’ bon Dyu wâd’ l’aksègneûr ! « Que le bon Dieu garde (de) l’indication ! » c’est-à-dire : qu’il préserve des effets de ce geste. Sinon, on gagnerait ce mal. De même, si l’on indique un point de son propre corps où l’on a eu mal, il faut dire cette formule, pour éviter le retour de la souffrance.