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nes, il n’en restera plus rien dans quelques jours ; les étudier, parce que dans une sotte superstition de village comme dans un conte de noir d’Afrique peut se trouver la solution de quelque obscur problème de l’histoire morale de l’homme.

Et maintenant, le lecteur peut aborder ce petit livre.

Et il ne voudra ni rire ni s’indigner.

Il ne rira pas, car il saura désormais que toutes ces vétilles ont dû avoir une raison d’être, qu’à tel ou tel moment de l’évolution, les croyances qui nous semblent les plus absurdes, comme celle aus revenants, ont été aussi inévitables, aussi bien raisonnées, que le sont aujourdhui nos convictions scientifiques.

Il ne pensera pas non plus à s’indigner trop de voir encore tant de vieilleries dans notre xixe siècle. La civilisation ne date que d’hier ; le sol est toujours encombré des ruines de l’ancien édifice, et quand on songe au peu de temps qu’il a fallu pour le renverser, certain de l’invincible marche en avant de l’homme, on ne peut que regarder avec un sourire, plein à la fois de scepticisme et de sympathie, les pauvres vieilles choses que nous détruisons, rien qu’en les expliquant.

On ne rit pas de la petite fille qui emmaillote sa poupée. On ne lui défent pas de continuer. On la laisse grandir.