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de si fins cristaus, mais après ? Ce verre, d’où vient-il ? De quoi est-il composé ? Pourquoi est-il tantôt rouge, tantôt bleu, tantôt blanc ? Enfin, pourquoi les hommes ont-ils imaginé des histoires où l’on parle de bottes avec lesquelles on fait sept lieues d’un pas, de princesses qui dorment cent ans, de héros qui tuent des dragons à sept têtes, etc.

Donner des réponses complètes à cette avalanche de questions, serait impossible ici ; d’abord, ce serait bien long ; ensuite, il faut l’avouer, l’on est encore très loin de les avoir trouvées toutes.

Je veus toutefois, à titre d’exemples pour tout le problème, présenter deus explications.

Vous vous souvenez du Petit Poucet et de l’Ogre qui voulait le manger, lui et ses frères ? Pourquoi imaginer des êtres qui mangent les petits enfants ? On ne mange pas les petits enfants. C’est vrai ; mais on en a mangé. On a même mangé de grandes personnes et c’est resté la très vilaine habitude de quelques sauvages de plus en plus rares. Or, les contes, cela ne fait plus aujourdhui l’objet du moindre doute, se sont forgés et répandus à une époque où il y avait un peu plus de cannibales que maintenant, où, de peuplade à peuplade, on se tuait et on se mangeait, tandis qu’à l’heure actuelle, par un certain progrès, très relatif, on ne se tue plus guère que de peuple à peuple et sans se manger. L’ogre du Petit Poucet est un fait-divers préhistorique.

Un conte populaire dont on retrouve des variantes partout, notamment en Belgique, débute comme ceci :

Il y avait une fois un pauvre homme qui planta une fève dans son jardin. Il poussa un haricot qui grandit, grandit jusqu’au ciel. Le pauvre homme grimpa sur son haricot et arriva jusqu’au paradis. Il toqua à la porte ; saint Pierre vint ouvrir, etc.

Ce haricot montant jusqu’aus étoiles nous étonne. Pour