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Mais après, après, dira le lecteur sceptiques ? Lorsque vous aurez encombré les bibliothèques de fascicules et de livres, à quoi tout cela pourra-t-il bien servir ? C’est parfois très amusant, vos contes, c’est même très drôle, mais après ? Les enfants s’amusent fort à collectionner des timbrepostes ; cela peut les aider quelquefois à retenir un peu de géographie politique ; mais après. Après, c’est tout. Votre folklore, est-ce plus intelligent que les timbrepostes ? Je comprens assez pourquoi on perce d’inoffensifs papillons de méchantes épingles, pourquoi on étiquète de petits caillous dans des tiroirs, pourquoi l’on écrase de pauvre petites fleurs fraîches entre des feuilles de papier gris. Mais des contes, des chansons, des superstitions, cela vaut-il réellement la peine d’être recueilli, surtout quand ce n’est pas beau ?

Pour répondre comme elle le mériterait à cette question de très philosophique impertinence, il faudrait tout ce volume. Je me contenterai de quelques aperçus rapides.

Les soirs de mai, lorsque les petits garçons de Liége secouent les jeunes arbres du square d’Avroy, pour en faire tomber les hannetons, ils engagent les pauvres bestioles à se laisser prendre en leur adressant cette petite prière :

Abalow, viné dlé mi ;
Vo-z âré dè pan rosti.
« Hanneton, venez près de moi ;
Vous aurez du pain rôti[1]. »

Essayons d’expliquer cette formulette, Avez-vous parfois remarqué un enfantelet trébuchant contre une chaise ?

Que fait-il ?

Il se met à battre la chaise de sa menotte et, avec une

  1. Voyez une formulette presque semblable pour la chauve-souris, no 74, page 11.