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tervention des classes cultivées. Ce que nous appelons folklore, ce n’est donc pas une science, ce n’est qu’un ensemble de documents. Est folklore toute la vie populaire ou sauvage en tant qu’elle se développe à côté ou en dehors de l’action des aristocraties civilisatrices. Il cesse là où apparaît la science positive des laboratoires, la spéculation du philosophe, le prêtre porteur d’un évangile ou d’une théologie, l’instituteur avec son livre de lecture, le législateur armé d’un code ou l’artiste distinct de la foule.

Y a-t-il dans la langue française un mot permettant de réveiller par un petit nombre de syllabes toutes les idées que je viens de développer ?

Aucun, malheureusement[1], et voilà pourquoi nous devons emprunter le mot dont se servent les savants anglais et le considérer désormais comme tout aussi indigène dans la langue cultivée que rail, wagon, biftek et sport dans la langue de tous les jours.

Le mot étant expliqué, je viens à la chose.

Pourquoi s’occuper de ces veilleries de folklore ou, pour employer un bien joli mot de nos paysans wallons, de toutes ces anciennités ?

Voici. Toutes ces anciennités sont souvent bien intéressantes en elles-mêmes. Plus d’un paysan sait des contes aussi bien faits que ceus de Perrault ; nos petites filles chantent des rondes ravissantes et certains vieus usages

  1. Quelques Français emploient le mot Tradition avec un T majuscule. Il est trop vague et n’a d’ailleurs acquis de sens spécial que par un ricochet du mot folklore. L’expression de Traditions populaires, employée par d’autres, est meilleure ; mais elle a deus défauts : elle est d’abord un peu longue ; ensuite, elle ne permet pas la création d’un substantif pour désigner celui qui s’occupe à recueillir et à étudier les traditions populaires et que les Anglais appèlent folklorist.