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D’abord, ce sont des savants anglais qui ont le plus contribué à répandre le goût de la récolte et de l’étude de ces phénomènes, et ont ainsi mis leur mot à la mode. Ensuite, c’est le plus commode qu’on puisse trouver, et cela suffit.

La langue anglaise a le privilège de posséder un grand nombre de petits mots, très courts, télégraphiques, d’une admirable complexité de sens ; ainsi, ce mot sport, qui, de ces cinq lettres, désigne l’ensemble de tous les exercices en plein air : chasse, pêche, équitation, canotage, etc. Le mot folklore mérite de même d’entrer dans notre langue, parce qu’il permet, lui aussi, de dire en bloc une foule de choses.

Analysons-le et nous verrons ce qu’il contient.

Littéralement, le mot folklore est composé de deus autres[1] : le premier, folk ; signifie « petites gens, classes populaires » et est identique pour la forme à l’allemand volk, « peuple » ; le second, lore, signifie « savoir, science ». Folklore est donc « la science des classes populaires » et l’on entent par là tout ce que le peuple sait en quelque sorte par lui-même, sans qu’aucune élite intellectuelle récente, — prêtres, instituteurs, poètes, écrivains —, soit venue directement le lui apprendre, c’est-à-dire les fables, les contes, les légendes, les vieilles chansons, les devinettes, les rimes et les jeus des petits enfants, les remèdes superstitieus, les usages de certaines fêtes, les proverbes, les dictons météorologiques, les croyances sur la lune, les étoiles, les loups garous, les sorcières, etc., toutes choses que le peuple se transmet de génération en génération par une tradition orale, sans, et, presque toujours, malgré l’in-

  1. Aussi les Anglais écrivent Folk-Lore, parce que c’est pour eus un composé non encore suffisamment fondu. Nous, qui y voyons un mot tout fait dont les éléments premiers n’ont pas de sens dans notre langue, devons l’écrire sans trait d’union.