Page:Eugène Monseur - Le folklore wallon, 1892.djvu/22

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

INTRODUCTION


QU’EST-CE QUE LE FOLKLORE ?

Une chose qui, bien sûr, a dû étonner quelques lecteurs, c’est le mot d’allure étrange que j’ai mis en tête de ce volume.

Je l’explique.

D’abord, c’est un mot anglais.

Il n’y a rien là de très subversif. Nous employons chaque jour un nombre plus considérable de mots anglais, et c’est inévitable. Lorsqu’on emprunte à un peuple une chose qu’il a créée, perfectionnée, ou qu’il conçoit mieus que les autres, on doit bien lui prendre en même temps l’étiquette, le vocable dont il se sert pour la désigner. Si nous disons rail et wagon, c’est que les Anglais ont les premiers tracé des chemins de fer. De même, c’est d’eus que nous avons appris à déjeuner en cinq minutes d’une tranche de bœuf à peine roussie et nous leur devons bien, ne fut-ce que par reconnaissance, d’appeler biftek cette petite chair saignante.

Mais, direz-vous, avons-nous d’aussi bonnes raisons d’accueillir le mot folklore que nous en avons eu d’accepter le mot biftek ? Le folklore est-il une invention anglaise comme les chemins de fer ?

En un certain sens, non.

Le folklore est un ensemble de phénomènes qui, on le verra tantôt, se retrouvent partout, et si nous employons le mot anglais, c’est pour deus autres motifs.