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demie éclatait dans une étable, on la croyait l’œuvre d’un sorcier : on v-z a djowé on toûr « on vous a joué un tour », disait-on au fermier. Après avoir presque toujours fait dire des prières par le curé dans l’étable même, on la dépavait pendant la nuit pour rechercher le porte-malheur (l’awyon) déposé par le sorcier. L’on raconte, ici, que c’était une torchette de cheveus ou une corne cachée sous un pavé, là, que c’était une pelotte d’épingles qui se réfugiait de pavé en pavé, au fur et à mesure que l’on avançait et que l’on saisit lorsque l’on arriva à la muraille. Plus souvent, c’était un crapaud qui se cachait sous la pierre du seuil et qui n’était autre que le sorcier lui-même venant la nuit, sous cette forme, causer tout le mal, et l’on a tué le crapaud.

Magie populaire et enfantine.

1252. Les enfants emploient dans leurs jeus des signes, gestes et formulettes pour porter malheur à leurs adversaires. Exemples :

1253. L’enfant crache à terre en disant à son adversaire : Dju rètch po k’tu ngan-gn nin « je crache pour que tu ne gagnes pas » (Ensival).

1254. À Liége, l’enfant dit à son adversaire :

Dji v-z èstchant’
D’i-n makral tot’ blank
D’on poursê singlé,
Po v-z émakralé[1].

« Je vous enchante
D’une sorcière toute blanche,
D’un cochon-sanglier,
Pour vous ensorceler. »

1255. En distribuant les cartes, on dit en les donnant à ses adversaires : kreu dè dyâl « crois du diable », et à ses partenaires : kreu dè bon Dju « crois du bon Dieu » (Herve).

1256. Au jeu de billes, si un joueur voit que l’on vise sa bille, il fait sur la terre au-devant une crois en disant, à Sinsin :

  1. Defrecheu Enfantines no  25, var. : Vo vla-st èstchanté « Vous voilà enchanté (ensorcelé). »