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forces l’abandonnèrent et on fut obligé de la remettre au lit. Sur ces entrefaites, le sorcier était parti afin de fabriquer une sorcière de loques et de la brûler. » (Lemoine dans Gazette de Charleroi, 7 nov. 1890.)

1246. Pour être délivré d’un sortilège, spécialement en cas de cauchemar, il faut uriner dans une bouteille neuve, la boucher d’un bouchon neuf et la suspendre avec une ficelle dans la cheminée. On ajoute, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, que l’on doit faire dire par un dvineu les « mots qu'il faut » sur la bouteille d’urine. L’auteur du maléfice, à partir de ce moment, ne peut plus uriner, il enfle et doit venir dans les vingt-quatre heures, demander que l’on débouche la bouteille, en promettant de ne plus vous faire souffrir. On ajoute, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, que si l’on pert la bouteille de vue, le sorcier viendra la déboucher et qu’alors, c’est le patient qui périra.

1247. Autre moyen : Se procurer de l’urine de la personne soupçonnée, la verser dans un vase de terre neuf et mettre celui-ci près du feu. Sitôt que le liquide s’échauffe, la sorcière ressent des douleurs atroces et accourt demander grâce et reprendre le sort (Gembloux). Même rite à Laroche, sauf que c’est la victime qui urine dans un baril neuf, le bouche et que la sorcière vient demander qu’on le débouche.

1248. Pour forcer une sorcière à défaire ses charmes, on prent un cœur d’animal, et on y pique de minuit jusqu’au lendemain à minuit des milliers d’épingles. La sorcière en est torturée comme si on piquait ces épingles dans son propre cœur et vient implorer son pardon (Laroche).

1249. Une sorcière peut défaire ses charmes en répétant en sens inverse les gestes qu’elle a employés pour les produire.

1250. Il y a quelques dizaines d’années[1], lorsqu’une épi-

  1. Aucun des nombreus récits que nous avons recueillis ne presente les faits comme récents. Cela vient surtout de ce que les paysans qui les racontent ne veulent plus paraître y croire.