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1218. Quand il savait qu’une nouvelle tonne de bière était arrivée dans une maison, il se coupait une canne en forme de crosse et la fichait en terre. À son commandement, la bière se mettait à couler du bout de la crosse et il faisait boire les petits garçons qui l’accompagnaient aus champs.

1219. Lés individus qui passent pour sorciers possèdent presque tous de petits livres populaires de magie qu’ils conservent comme des talismans. Les plus connus ici sont notamment : Les œuvres magiques d’Henri-Corneille Agrippa, mises en français par Pierre d’Aban (appelé lif d’agrifa, lîf âgrafâ), Le trésor du vieillard des Pyramides, Le grimoire du Pape Honorius, L’Enchiridion Leonis Papæ, Les clavicules de Salomon.

Tours des sorcières et moyens préventifs d’y échapper.

1221. Quand on est en présence d’une sorcière, on se garantit de tout maléfice en retournant son bonnet ou sa poche (Louveigné), en disant trois fois en se frappant la poitrine : et verbum caro factum est et habitavit in nobis (Laroche).

1223. En parlant d’une personne suspecte, on doit nommer le jour courant ; par exemple, on dira, le dimanche : No-z èstan oûy dimègn ; ki l’bon Dju no sègn è no-z è prézèrf ! « Nous sommes aujourd’hui dimanche ; que le bon Dieu nous bénisse et nous en préserve ! » ; c’est surtout le vendredi, — djoû dè makral « jour des sorcières » —, qu’il faut se garder d’oublier cette formule.

1224. Une sorcière peut jeter un sort en touchant ; par exemple, faire avorter une femme ou un animal par simple application de la main (Stavelot). Pour se garantir des conséquences de l’attouchement d’une personne suspecte, il faut : à Liége, placer le poing fermé à un endroit de son corps plus élevé que celui où elle vous a atteint (fé pogn’ hó) ; à Laroche, la toucher à l’endroit de son corps correspondant.

1225. On croit que les sorcières peuvent jeter des sorts par leurs baisers, surtout aus enfants.