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violon dont on entent la « belle musique » dans les airs entre minuit et deus heures du matin.

1203. Dans plusieurs cantons, il y a un terrain que l’on appèle tchan dè makral « champ des sorcières ». C’est le cas près de Remouchamps, près de Tongres, près de la Gileppe et près de Grand-Halleux.

Tours des sorciers.

1206. Le sorcier, ou la sorcière, peut faire un orage en gesticulant avec les mains d’une certaine manière, ce qui s’appèle bat’ lè walèy « battre les averses » (Laroche).

1207. Lorsque l’on cuit les boudins, on croit qu’un sorcier peut, par sa magie, les faire sortir de la marmite (fé monté lè trip), passer par la cheminée et traverser l’air, invisibles, pour tomber dans ses mains.

1209. Pour se préserver de sa magie, des femmes mettent une crois de paille sur la marmite (Grivegnée).

1211. On raconte à Laroche l’histoire d’une fille qui, étant occupée à arracher des pommes de terre avec d’autres, fut tout à coup enchantée et se mit à courir, courir, jusqu’à ce qu’un témoin du fait l’eût désenchantée en la tirant par les cordons de son tablier.

1215. Presque partout, les tours dont on croit les sorciers capables sont attribués en bloc à un berger que les vieillards disent, soit avoir connu eus-mêmes dans leur jeunesse, soit avoir été connu de leur père. Dans le pays de Theux, par exemple, ce berger demi-légendaire est nommé Briyèmon, prononciation wallonne du nom propre orthographié Brialmont. Dans la plupart des autres villages de la province de Liége, on l’appelle Bèlèm. On lui attribue notamment les tours qui suivent :

1216. Un jour, une jeune fille passa devant lui sans le saluer. Il lui envoya à l’instant des milliers de pous. La jeune fille dut revenir sur ses pas et demander grâce pour en être délivrée.

1217. Pour amuser les enfants, il faisait courir dans une chambre ou autour d’une motte de terre de tout petits chevaus en chair et en os.