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on place un couteau dans un mouchoir plié dans le sens de la diagonale, de manière à laisser le couteau au fond, entre les deus triangles ainsi formés. On roule alors le triangle d’étoffe autour du couteau qui lui sert de base ; puis on dit : è s’ ki dj’ ê l’mark â lodjis, âdjoûrdu ? S’il î-y è, k’ ènn’è vây pu lon ! « Est-ce que j’ai la mark au logis aujourd’hui ? Si elle y est, qu’elle s’en aille plus loin ! ». On retire alors rapidement le mouchoir par les deus coins. Il se déroule, et suivant le sens dans lequel on a pris les coins, le couteau tombe ou reste dans le mouchoir. S’il tombe, c’est signe qu’il n’y a pas de mark ; c’est signe contraire, s’il reste. À Milmort, on emploie le même procédé de divination pour savoir si une personne soupçonnée est réellement celle qui vous torture. Les suppositions sont jugées exactes, si le couteau tombe.

1188. On dit que les chevaus sont « possédés du démon » ou on l’mark « ont le cauchemar », lorsqu’ils s’agitent la nuit et qu’on les trouve le matin trempés de sueur, les crins mêlés et comme tressés.

1189. Il ne faut pas peigner la crinière tressée d’un cheval qui a le cauchemar ; sinon, on en mourrait (Sinsin).

Sabbat.

1190-1191. On croit que c’est toujours un vendredi soir que les sorciers et sorcières se réunissent (von-t a l’dans’ « vont à la danse » ou a l’ sîz « à la soirée ») ; les amoureus évitent même de se fixer des rendez-vous pour cette soirée, réservée, disent-ils, aus hantrèy dè makrê avou lè makral « aus amours des sorciers et des sorcières » (Liége).

1193. On croit que, pour se rendre au sabbat, les sorcières doivent s’oindre les jointures (lè djonteûr è lè ployan) avec un onguent qui leur est donné par le Malin.

1196. Une sorcière mariée qui désire se rendre au sabbat sans que son mari s’aperçoive de sa disparition, met dans le lit à sa place un balai qui prend sa forme et ses traits (St-Hubert).

1197. Les sorcières se rendent au sabbat en chœur au son du