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mûres puent la fourmi et les prunelles sont âpres…

Si j’avais des prunes de conserve !… se dit la fileuse.

Pas plutôt elle a pensé ça, qu’elle oit quelqu’un descendre dans le bois châtaignier. Elle se retourne : c’est Jean. Le cœur lui sursaute tandis qu’il approche, et ses joues deviennent roses comme les fleurs de l’églantier.

— Bonjour, petitote !… Tu es bien cachée là, mais tout de même je t’ai trouvée.

Trouvée !… Il me cherchait donc ? se dit-elle.

— Bonjour, monsieur Jean…

— Hier, en foire d’Hautefort, je me suis imaginé, Nicettou, que tu avais du mal à filer ton brin, et je t’ai porté quelque chose.

Et Jean tire de dessous sa veste une pochette de papier gris qu’il ouvre :

— Tiens… des pruneaux d’Agen…

La petite lâche de filer, et pâlit un peu.

— Est-ce que ça te fait de la peine ?

De la peine ? Ah ! non, mais un plaisir très grand qui l’étreint au cœur.