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le ruisseau du Thévenau. C’est un vaillant petit rieu, ce Thévenau. Depuis la combe du Verdier, où il naît, jusqu’au pont Saint-Jamet, où il se jette dans la Beuse, sur un cours de trois quarts de lieue, il faisait tourner trois moulins : petits moulins, c’est vrai, mais qui avaient pourtant une paire de meules pour le blé froment et une autre pour le blé rouge ou blé d’Espagne.

Aujourd’hui il se repose, le brave petit ruisseau ; les moulins sont détruits ; — le dernier il n’y a guère.

Dans un fonceau, sous des futaies, sont les ruines de celui de Montferrier, pleines de bourdaines, de « bonnets de prêtre » et autres arbrisseaux, où la chèvre de la Nicette broute avec une jeune cabrette que la Guillone à gardée d’une portée de deux. L’enfant est là debout contre un arbre, filant sa quenouille de chanvre et rêvant à son ami Jean. Il faut beaucoup user de salive pour faire le fil, aussi la petite a la bouche sèche. Il y a bien là des mûres et des prunelles de buisson ; mais les