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dans les vignes de la réserve, et, en cachette, il s’arrange de telle manière qu’elles trouvent des javelles oubliées au bout du sillon et des grappes laissées au cep. Il voudrait faire plus, le brave cœur, mais il n’ose. Ce n’est pas qu’il ne soit libre, ayant tout le gouvernement du bien, car M. Rudel ne s’occupe de la terre que pour ensacher les écus qui en proviennent et les placer sur bonnes hypothèques ou autrement. Mais c’est que, si l’on voyait la Guillone un peu trop à son aise, on en babillerait, et il ne manquerait pas de mauvaises langues pour dire que c’est la Nicette qui affane toute cette chevance à la peine de son corps. Il voudrait bien leur faire gagner de bonnes journées en les occupant à des petits travaux point trop pénibles, tels que les fenaisons, les vendanges, la cueillette des haricots et du blé d’Espagne ; mais les journaliers mâles et femelles sont nourris par le maître, et pour rien au monde il ne veut que la petite Nicette mette le pied dans la maison.

Ça lui ferait plaisir pourtant de l’avoir là,