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jours grosse ou nourrice. Ainsi faisaient ces saints patriarches qui figurent honorablement dans les litanies ; ainsi faisait-on généralement autrefois à leur exemple, dans les grosses maisons de bourgeoisie campagnarde du Périgord. C’est à peine si ces bonnes vieilles mœurs commencent à se perdre, non par accroissement de vertu, mais par diminution de virilité.

Au reste, M. Rudel ne renvoie pas ses servantes au désert, comme Abraham : il n’y a pas de désert par là. Lorsqu’il s’aperçoit qu’elles sont « embarrassées », il leur donne quelques écus pour payer la ventrière sage-femme et les congédie. C’est une fille épaulée de plus, qui tournera au pire probablement ; mais de ceci M. Rudel n’a cure : il est égoïste et ne songe pas au mal qu’il fait. Il lui faut des femmes, il en prend où il en trouve.

Et, en voyant ce grand fort homme, de belle carrure, qu’est M. Rudel, sa grosse tête, son cou de taureau avec un fanon, le sang qui lui sort par les pores, et ses yeux qui brillent comme une vitre au soleil, on comprend qu’à